Dans "Carnets du grand chemin", Gracq écrit :
Ornans : toutes les maisons se serrent pour venir boire ensemble à la rivière, si pure avec ses longues chevelures d'herbes lissées par le courant, comme celles de l'Odet sous les ponts de Quimper. C'est la Loue qui est la rue centrale de cette Venise torrentueuse, toutes ses maisons en vis-à-vis; les venelles latérales ne desservent que des resserres, des hangars, ou des murs aveugles de jardins. L'eau de la Loue, rapide encore mais non bruyante, garde le friselis rêche des torrents de montagne, sans avoir leur clameur.
Maison natale de Courbet, entre rivière et ruelle. C'est la demeure cossue d'un notable de Maupassant, avec ses glaces à trumeau, son alcôve, et partout - dans la pénombre des pièces, pareille à celle d'une paupière baissée sur les secrets d'un drame de famille - les peintures, ou plutôt les pièces à conviction, du rejeton scabreux et iconoclaste. Et même le bâton d'épine de "La fortune saluant le génie".
La Fortune saluant le génie, ou La Rencontre, ou encore
Bonjour, monsieur Courbet !
(1854, musée de Montpellier)
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