samedi 1 septembre 2012

André de Richaud (en work in progress)



 

Je découvre depuis quelques semaines quelques uns des merveilleux livres d'André de Richaud, poète et romancier :

La nuit aveuglante

Michel Piccoli a bien connu André de Richaud. Il parle ici de son ami et lit des extraits de "La nuit aveuglante" (cliquer sur la photo) 

Merci à Alcanter pour ce lien
 


Couverture "en mouvement"
par Odette Ducarre
Extrait
Depuis vingt ans je n'ai saisi un papillon par les ailes. O poudre magique qui reste dans les doigts! Il me semble que si je parvenais à prendre un papillon je resterais longtemps la main haute, l'index et le pouce écartés. Je deviendrais infirme pour garder éternellement ce reflet de la vie. Il n'y a pas de mouches ni d'araignées dans ma maison. Pas de chenilles sous mes feuilles. Pas d'escargots dans les trous de mes murs. Voilà ma vie. Tandis que la plume, elle, se laisse conduire comme un hanneton. Où sont ceux de mon enfance, que nous trempions dans l'encre avant de les faire se promener sur des pages blanches? Et les arabesques qu'ils y traçaient?

La confession publique 


Extraits 

Des gens inconnus qui rient ; une voix à laquelle je ne m'attends pas, si je ne me domine pas, prennent des proportions gigantesques, une existence qui lutte contre la mienne. Quelque chose qui touche à l'infini par tous les bouts.
Je lutte sans fin contre cette conception hystérique de la réalité. J'essaye de me calmer devant cette offensive des choses démesurées. Il me faut à chaque instant arrêter ce grossissement épuisant des êtres.  On ne peut guère y arriver que par l'ironie et quand on dépasse le but - ce que je suis enclin à faire - par la cruauté.
 ...
Les déplorables constructions qu'on peut faire autour d'un être. On trouve ridicule l'être qui s'emballe pour quelqu'un qui ne le mérite pas ; qui s'avilit pour une putain ... alors que si l'on songeait que puisqu'il projette tant de perfections, tant de qualités c'est qu'il les a en puissance donc c'est qu'il est infiniment respectable.
...
Je sais qu'on ne peut échapper à l'asservissement qu'en asservissant les autres, mais alors il faut faire un effort, jouer la comédie et surtout se salir les pattes et je ne suis ni un comédien ni un boucher.
 

La douleur 
Je le lus en une nuit, selon la règle et, au réveil, nanti d'une étrange et neuve liberté, j'avançais hésitant sur une terre inconnue. Je venais d'apprendre que les livres ne versaient pas seulement l'oubli et la distraction... il y avait une délivrance, un ordre de vérité où la pauvreté, par exemple, prenait tout à coup son vrai visage.    "La douleur" me fit entrevoir le monde de la création.       
                                             Albert Camus

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