mercredi 5 février 2014

Salut Baader et merci


 

Henri Montant, dit "Arthur", fut cofondateur avec Pierre Fournier de : 

En 1977, il y écrivait ceci : 

Baader et trois de ses amis ont été  méchamment et salement suicidés  à  la  prison de Stuttgart. Ils nous ont bien eus! Qui aurait cru que ces acrobates arriveraient à se suicider si proprement, à l'issue de telles contorsions? (Baader est mort d'une balle dans la nuque.)

Et tout  ça,  évidemment, pour jeter le doute et le discrédit sur le sérieux professionnel des prisons allemandes de haute  sécurité!

La  version officielle du suicide ne fait aucun doute. On sait que les prisonniers comme Baader bénéficiaient de toutes les garanties ...
... offertes aux pensionnaires de ces prisons luxueuses : revolvers, corde­lettes et couteaux divers. Ils auraient même pu se  suicider  à  l'explosif, s'ils l'avaient voulu.

Toute insinuation relative  à  l'arrivée nocturne de quelque spadassin payé par l'Etat pour liquider le problème Baader serait donc l'oeuvre de mauvais. coucheurs et de bas calomniateurs.

Quant aux manifestations européennes qui suivirent la solution finale du  problème  terroriste,  elles étonnent. 

Ainsi donc, Baader  n'était pas  vomi  par  tout le monde! Il s'est trouvé quelques jeunes égarés pour se sentir en deuil et descendre dans  la  rue! Mon dieu, où allons-nous  si Baader rencontre tant de sympathie dans la  jeunesse?

Les  Etats,  si solidaires quand il  s'agit de tuer, devraient comprendre que la réciproque est normale. Baader est mort, pas son oeuvre. L'histoire  retiendra le révolté et oubliera les méthodes.


Car Baader est allé au bout de la logique et c'est bien ce que personne ne peut lui pardonner. Que nom le voulions ou non, que nous admettions ou non la méthode, nous sommes tous aux côtés  de Baader, nous sommes  TOUS  destinés à finir comme lui, si nous allons, comme lui, au bout de la logique qui nous fait combattre l'Etat. La résignation ou la  mort, pas d'autre alternative.

Car Baader visait juste. Ses cibles étaient les nôtres. Baader avait frappé les grands magasins (consommation), la presse pourrie, Ia banque(Ponto), la Justice (Buback), le Patronat (Schleyer) et l'armée américaine. Baader visait juste. Il en  est  mort. Il ne s'attaquait pas aux lampistes (CRS), aux collabora­teurs (ouvriers), aux sous-fifres manipulés. Il cherchait à atteindre les têtes, dans l'espoir d'ouvrir les yeux aux aliénés de la base.

Et  c'est  là qu'il s'est  gourré. La  révolte a ses lois, ses nécessités. Je ne les condamne pas. N'empêche que la loi du talion ne passe pas dans l'opinion  publique. Celle-ci est trop chloroformée pour se sentir solidaire  du  terrorisme. Elle apprécie parfois, qu'est-ce que vous croyez, mais en silence. Ils ne seront  pas des masses  en Allemagne à pleurer Schleyer, sauf  les  médias bien sûr. Ils ne pourront pas en revanche apprécier un détournement d'avion qui intéresse d'"innocents touristes".


Baader est peut-être le dernier romantique. Nous entrons dans des temps bien maussades. Le règne des purs et durs s'achève. L'Etat étend sa patte graisseuse sur l'ensemble des activités humaines. Toute déviance, toute dissi­dence sera assimilée au terrorisme. La norme sera la résignation coite. L'hu­manité entre sans mollir dans le grand asile silencieux, le mouroir définitif. Il ne fera pas bon penser ou agir différent. C'est 1984.
Les  démocraties crispées sur leurs raisons d'Etat, solidaires dans la répres­sion, légalisent leurs armées secrètes, leurs milices exceptionnelles. Elles de­viennent ainsi fascistes, comme par inadvertance, sous couvert de défense de leurs libertés formelles. Elles blindent leurs arsenaux répressifs, elles normali­sent la bavure,  elles durcissent leur apparent laxisme et Chirac peut, sans inquiéter, dire qu'une démocratie doit être musclée, donc totalitaire.

Baader a gagné son pari : nous ouvrir les yeux. Derrière l'Allemagne, les  "démocraties" européennes vont se précipiter. Le sympathisant de Baader sera un terroriste, et abattu comme tel. On frappera souvent à nos portes vers quatre heures du matin, et je  vous parie que ce ne sera pas le laitier ...





Pour en savoir plus sur Arthur, se référer à l'entrée "Arthur" dans la fabuleuse "Anthologie de la subversion carabinée" de Noël Godin :


Google Books

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