mardi 4 septembre 2012

Griselidis Réal, l'honneur de Genève



Griselidis Réal


Extrait  : 
C'est à Paris, il y a quatorze ans, dans une chapelle à Montparnasse, que je suis entrée en révolution, avec mes soeurs damnées. Depuis, je ne les ai jamais quittées. La révolution nous a prises, elle ne nous lâchera plus jusqu'à notre dernier souffle. Elle embrase le monde entier...  
 A tant d'amies disparues, mortes de solitude, de trop d'amour donné, jamais reçu : à leur mémoire, il faudra que je dise comment le quotidien les a assassinées, et le mépris des gens. Et comme elles étaient belles, généreuses, pleines de talent et de mystère, entourées de tous ceux qui avaient tellement besoin d'elles, qui avaient faim de leurs caresses, de leur tendresse, de leur infinie patience, de leur savoir, de leur pouvoir.
Devant leur mort, il n'y avait personne . Quelques amis, et nous les soeurs perdues, à pleurer sans un geste, devant leur corps retourné à l'oubli. Dérobé pour l'éternité à ces milliers de mains qui l'avaient parcouru.
Quel silence, sous les fleurs. Et comme l'enfance remontait d'elles à nous, tissée d'orgue et d'encens, à travers d'anciennes prières, et des vies trop vécues.
Et quelle immense délivrance enfin, qu'elles ne souffrent plus, à jamais évadées de ce monde trop dûr. 
Dormez en paix, constellations brisées.
                          "Le noir est une couleur", Postface 


J'ai rencontré Jean-Luc Hennig en 2010 dans un café parisien, où il m'a parlé de la symbolique de l'inhumation de Griselidis au Cimetière des Rois à Genève, en 2009 :


 

Jean-Luc Hennig a longtemps fréquenté Griselidis Réal (1929-2005), dont il a fait connaître les premiers écrits dans la revue "Le Fou parle", avant de publier "Griselidis Courtisane". 

Et voici la page sur Griselidis sur le blog d'Yves Pagès,  "co-animateur" des Editions Verticales (cliquer sur la photo) : 



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